Place de la comédie
Ensemble, imaginons le nouveau cœur de Métropole.
La Comédie, une histoire
Les travaux auxquels la collectivité va s’atteler font écho aux grands travaux entrepris par le Maire Jules Pagézy et l’architecte montpelliérain Omer Lazard (1855-1860). Les opérations majeures réalisées à l’époque exprimaient un caractère haussmannien et constituent aujourd’hui notre patrimoine architectural montpelliérain. De plus, ils ont donné naissance à la percée vers la gare Saint-Roch et avaient pour ambition de relier le centre ancien à la périphérie. Le centre médiéval était bâti sur un axe nord-sud, Jules Pagézy a travaillé sur l’axe est-ouest de l’Ecusson.
Sous l’impulsion de Georges Frêche, dans les années 1980, les voitures y ont été interdites et la piétonisation du centre-ville a été amorcée. Puis, au début des années 2000, l’arrivée du tramway a exprimé un nouveau virage en matière de mobilités.
Aujourd’hui, l’ambition est de donner un nouvel élan à la place de la Comédie en lui attribuant une dimension métropolitaine. Une nouvelle page s’ouvre avec le souhait d’améliorer l’articulation entre le centre historique de Montpellier et ses faubourgs. Des Arceaux aux Rives du Lez et du Corum aux halles Laissac, ces axes seront valorisés et arborés dans le but de passer d’un cœur de ville à un cœur de Métropole.
Le point de départ d’une transformation de l’axe Arceaux / Foch / Comédie / Esplanade / Antigone conçue pour redynamiser le cœur de ville.
Il s’agira également d’améliorer l’articulation entre le centre historique et les faubourgs:
- à l’ouest avec les Arceaux et à l’est avec Antigone
- au nord avec les Beaux-Arts et au sud avec Gare/Gambetta.
8 ha
C’est la surface formée par la Comédie, l’Esplanade et le Triangle.
Ce vaste secteur piétonnier, l’un des plus grands de France, comprend de nombreux équipements tels que le musée Fabre, le Corum, l’office de tourisme, le cinéma Gaumont, le Pavillon Populaire, le Polygone, l’espace Dominique Bagouet, le lycée Joffre… Il est à l’articulation de plusieurs territoires d’enjeux majeurs avec des espaces créés au fil du temps qu’il s’agit de mettre en cohérence aujourd’hui les uns avec les autres.
5 bonnes raisons de transformer la Comédie
1 Répondre au défi climatique
Des températures caniculaires atteignant les 46,5°C ont été enregistrées pendant l’été 2019. Avec le réchauffement climatique, ce phénomène est amené à se reproduire. Minérale, la place de la Comédie devient un véritable four en été. Il est temps de la rendre plus agréable en créant des îlots de fraîcheur permettant de faire baisser la température. Un premier acte a consisté à remplacer les blocs de sécurité en béton par des jardinières. Cette végétalisation va se poursuivre. Elle participe notamment à la lutte contre la pollution et s’inscrit dans un vaste programme de plantation de 50 000 arbres dans la ville.
2 Réembellir les espaces publics
Plus de 100 000 personnes passent chaque jour par la Comédie. Cet espace public, qui n’a pas connu de grands travaux depuis les années 1980, est victime du temps. Le sol en pierre calcaire est devenu de plus en plus glissant sous la pluie. Les revêtements sont dégradés et d’une grande disparité, de la dalle du Triangle à l’opéra. Par ailleurs, les équipements urbains comme le mobilier, les aires de jeux ou les candélabres de l’Esplanade justifient un grand projet de rénovation.
3 Faire vivre la Comédie
Plus qu’un lieu de passage, cet espace piéton doit redevenir un lieu à vivre où les Montpelliérains prennent le temps de se retrouver et de passer un moment entre amis ou en famille. Une ambiance est à recréer, emblématique de la culture de Montpellier.
4 Ambitionner l’UNESCO
Montpellier vise l’excellence. Elle ambitionne de candidater au patrimoine mondial de l’Unesco pour rayonner à l’international. Un travail de longue haleine qui passe par la préservation du patrimoine, son embellissement. Riche d’histoires, la Comédie est la vitrine de cette nouvelle ambition urbaine, sa carte postale.
5 Élargir le coeur piéton
Cette transformation n’est pas uniquement celle d’une place. Il s’agit d’étendre la centralité. Esplanade Charles-de-Gaulle, Triangle, mais aussi boulevard Sarrail, boulevard Victor-Hugo… : c’est un grand projet d’élargissement de l’espace piétonnier au service de la vitalité du commerce du centre-ville. La Comédie change d’échelle. Elle passe d’un coeur de ville à un coeur de Métropole. Sa mise en valeur et son embellissement dans une cohérence d’ensemble renforcera son attractivité culturelle, économique et touristique.
Premiers changements
Avant / Après
Ils en parlent
En amont de la concertation, des personnalités ont accepté d’apporter leur pierre à l’édifice. Elles portent un regard sensible sur l’histoire du lieu et son devenir possible. En appui de leurs témoignages, un pêle-mêle de vues rétrospectives.
« Une fonction civilisatrice »
Vincent Bioulès, peintre
"Même si je suis né en 1938, avenue Saint-Lazare, je suis né une seconde fois en 1939, place de la Comédie. Quand mon père est parti à la guerre, je suis venu vivre chez les parents de ma mère,
boulevard Sarrail. À ce moment-là, la Comédie était une vraie place. L’Œuf était matérialisé au sol et tout autour, il y avait des cafés. On s’y donnait rendez-vous, c’était un lieu de ralliement. J’y ai vécu des moments extraordinaires quand j’étais enfant, et elle a joué un rôle considérable dans ma vie de jeune père de famille.
Mais en 1968, avec la construction du Polygone, tout a changé. Entraînant la destruction de la gare de
Palavas et de son square, situés entre la Comédie et l’esplanade. Le petit train à vapeur qui menait à Palavas a également disparu. Supprimant du même coup des moments joyeux et épiques. Et un accès direct de Montpellier à la mer… Dès lors, cette place qui avait une fonction civilisatrice n’existait plus. Elle a été totalement banalisée. L’espace a été déstructuré, déséquilibré. C’est devenu un espace béant se mêlant aux allées de l’esplanade. On ne sait même plus où elle commence et il y a une errance extraordinaire : on ne fait qu’y passer, sans s’arrêter.
Pour y remédier, il faudrait peut-être créer une articulation architecturale entre l’Œuf proprement dit et l’esplanade. En redessinant tout simplement un jardin, pour retrouver le square de la gare de Palavas. Et là il pourrait y avoir des arbres. Cela permettrait de redonner à la Comédie une fonction bien distincte de place, de lieu de rassemblement et aussi de centre de Montpellier."
« Une pyramide, des arcades, une nouvelle fontaine
Gaëlle Maury, directrice du centre d’art La Fenêtre
"Lorsque j’ai évoqué le sujet avec le collectif qui pilote La Fenêtre, composé pour bonne part d’architectes ou de designers, plein de souvenirs sont remontés et les idées ont fusé : on a essayé d’imaginer quel serait le geste architectural fort qui incarnerait la relation que doit établir la ville avec ses habitants. Chacun y est allé de sa proposition : une pyramide, des arcades, une nouvelle fontaine…
Pour ma part, lorsque je pense à la Comédie, je me revois la traverser le soir, après un bon film. Avec la crise actuelle et tous ces lieux fermés, rappelons-nous que la place dessert deux cinémas, l’Opéra et à peine plus loin, le musée Fabre, une salle de concert, plusieurs espaces d’exposition... Pourquoi, dans le cadre du futur aménagement, ne pas se pencher sur l’enjeu de la signalétique ? À la croisée du design graphique et de la scénographie, en symbiose avec l’architecture du site, imaginer comment l’on pourrait accompagner vers l’ensemble de ces lieux, tout en travaillant visuellement les notions de centre, de flux et d’usage."
« Une valeur de prestige »
Fabrice Bertrand, historien
"La Comédie n’est pas la plus ancienne place de Montpellier. Pourtant on pourrait le croire tant les habitants du Clapas ont créé un lien particulier avec elle. C’est au milieu du XVIIIe siècle, qu’elle émerge sur les anciens tracés des remparts et de la porte de Lattes, dénommée comme le port qu’elle permettait d’atteindre. De tous temps, cet espace a servi de transition vers d’autres horizons.
Simple espace de dégagement, permettant de relier le théâtre à l’Esplanade, bordée de ses jardins qui accompagnaient les demeures de la riche société du XVIIIe siècle, la place de la Comédie acquiert durant le XIXe siècle, une valeur de prestige. Son tracé est revu, ses pourtours redessinés. Ils se parent d’une architecture qui n’a d’autres intérêts que de signifier la prospérité de Montpellier. C’est ici que la ville s’impose en tant que capitale administrative du plus riche département viticole. Le paysage s’y fige, se minéralise autour de ses cariatides, dômes et scaphandriers. Aujourd’hui, se pose la question de son insertion dans la ville et la Métropole. On l’accuse d’être minérale. C’est vrai ! Elle l’est trop… Mais quel que soit le projet retenu, il ne sera qu’une étape supplémentaire du regard que nous portons à cet espace, qui demeurera de toute façon, avec son Oeuf surmonté de sa fontaine des Trois Grâces, ses façades monumentales, le cœur de Montpellier et de la Métropole."